De leur côté, les hommes ne jouent peut-être pas assez leur rôle en ne participant pas assez aux tâches du quotidien ou en mettant en suspens leur activité professionnelle. Ils ont encore du mal à mettre l’activité de leur femme en priorité dans le couple.

Sophie va au-delà d’une prédominance d’un sexe/genre en politique. « Il faut plutôt s’interroger sur la présence ou non de types de personne selon leur situation personnelle. Le fond du problème étant la disponibilité quotidienne demandée avec deux problématiques : d’une part, il y a les personnes qui, au quotidien, ne peuvent pas donner 100% de leur temps comme les parents isolés travaillant ; et d’autre part, il y a les personnes qui ne peuvent pas interrompre leur carrière le temps d’un mandat car elles mettraient en péril leur carrière comme par exemple les chercheurs dans des domaines innovants ». L’enjeu fondamental est le temps, celui dont on dispose et les conséquences que cela induit dans nos vies. Dans les textes, certains dispositifs aident ces catégories de personne puisque les frais de gardes d’enfant peuvent être remboursés par les municipalités, l’agglomération… Cependant, les demandes de nos concitoyens qui semblent exiger du personnel politique une présence permanente à tous les événements de la vie de la cité (spectacles, inaugurations, accidents…) permettent-ils de s’engager en politique quand vos obligations personnelles et professionnelles ne vous permettent pas d’être libres à 100% ? Sophie reconnait que ce n’est possible que si l’on renonce à tenir des postes de responsabilité. « Est-ce souhaitable pour la société ? Nos concitoyens n’auraient-ils pas intérêts à exiger moins d’actions de représentation de leur personnel politique pour lui permettre de se concentrer sur des actions plus fructueuses (études de dossier, réflexions, prospective…) et ouvrir le recrutement à d’autres profils qui viendraient enrichir la vie politique de leur diversité ? » Ces questionnements sont une forme de réponse et une dénonciation à peine voilée d’une politique trop tournée vers la communication au détriment d’un travail de fond et de terrain.

Malgré les difficultés d’organisation quotidienne qui pourraient empêcher la présence des femmes en politique, Itziar reconnait qu’elles sont à la fois de plus en plus présentes et de plus en plus jeunes. Toutefois, l’engagement politique nécessite des capacités, des compétences, des connaissances. Les élu.e.s doivent être informé.e.s de l’environnement économique et social de leur commune, de leur agglomération, de leur circonscription, etc... La formation est la clé d’un engagement en politique et l’assurance du recrutement de nouveaux membres dans un parti politique. « Je me souviens, à mon arrivée au Pays Basque avoir été invitée par un parti aujourd’hui disparu à cinq sessions de formation en week-end. Il y avait un formateur chargé du domaine urbanisme/immobilier, un certain Jean-René Etchegaray. Réellement cette formation économique et sociale pourrait être la première marche pour connaître un parti politique et s’y engager. À l’issue de cette formation, deux participants avaient édité « un guide pour les futurs conseillers municipaux abertzale », permettant l’engagement éclairé de personnes très connues à ce jour. » explique-t-elle.

Les freins à un investissement politique ne sont donc pas uniquement des questions de genre. Les problématiques liés aux profils sociaux, aux disponibilités dans la vie, ou au manque de compétences sont déterminantes et se traduisent par un manque de temps et une mise à l’écart de la participation en politique. C’est aussi ces défauts qu’il faut combattre.

Photo : députées d’EAJ-PNB, au Parlement Basque