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15/03/2024

Jean Tellechea : « La question agricole n‘est pas centrale, elle est vitale » (II)

Jean Tellechea Ă©voque les sujets qui tiennent Ă  cƓur Ă  EAJ-PNB : lâ€˜Ă©conomie Ă  visĂ©e rĂ©gĂ©nĂ©rative et l‘avenir de l‘agriculture et du monde paysan.

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Jean Tellechea : « La question agricole n‘est pas centrale, elle est vitale » (II)

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C’est une phrase que l’on entend souvent chez les responsables d’EAJ-PNB : l’avenir du Pays Basque s’inscrit au sein de l’Europe. Mais qu’est-ce que cela sous-entend exactement ?

 

Le basque, comme je vous l’ai dit, est par essence européen. EAJ-PNB, est un parti pro-européen depuis près d’un siècle, depuis les années 1930. Nous défendons un pouvoir fédéraliste, où les décisions, conformément à son principe de subsidiarité, se prennent au plus près des besoins des gens. L’Europe nous permet de dépasser la frontière que certains ne vivent plus et que d’autres rencontrent tous les jours, en particulier dans le domaine de l‘entreprise. EAJ-PNB souhaite lever « l’effet frontière » pour entreprendre, travailler, étudier, accéder aux offres culturelles ou sportives… le plus simplement possible.

 

« La survie de la société réside dans sa capacité à transformer son modèle économique vers une économie à visée régénérative » 

 

L’avenir du Pays basque est européen, mais l’avenir de l’Europe est aussi dans sa régionalisation.

La survie de la société réside dans sa capacité à transformer son modèle économique vers une économie à visée régénérative ; c’est-à-dire à créer de la valeur dans les limites des ressources planétaires, à partir d’une relation de coévolution avec le vivant. Une telle politique s’entend sur une organisation territoriale intégrée et recentrée, dans un rayon de quelques centaines de kilomètres. La notion de région pour l’espace européen, de territoire organisé, aura de plus en plus de sens et un bassin de vie comme Iparralde, Euskadi et la Navarre va s’imposer comme la bonne échelle, pour nous. Il est urgent d’engager cette transformation.

Nous défendrons donc avec la liste Ecologie Positive & Territoires, une nouvelle organisation du Comité des Territoires, qui existe déjà parmi les institutions européennes, mais qui n’a ni les compétences, ni la représentativité démocratique suffisante.

 

La question agricole est centrale en ce moment et elle concerne toute l’Europe. Le PNB a pris plusieurs positions en faveur des agriculteurs et avancé des idées. Est-ce que vous pouvez nous les résumer ?

 

La question agricole n’est pas centrale, elle est vitale.

Nous avons vécu en Europe une politique d’après-guerre qui a cherché à résoudre le problème de la faim par tous les moyens : la spécialisation, la chimie, les croisements génétiques, la mécanisation…

Tout ça s’est fait progressivement en créant des déséquilibres dramatiques pour la santé des agriculteurs, leur situation financière, la santé des habitants, la qualité des eux, la qualité des terres, … On a négligé la biodiversité, son rôle, son patrimoine.

 

« Nous proposons une réflexion en 6 points »

 

Aujourd’hui EAJ PNB défend la préservation du foncier agricole contre le détournement à des fins spéculatives. Nos élus s’engagent dans ces combats. La Communauté Pays basque doit protéger les terres agricoles. Lors des Assises du foncier agricole à Saint-Palais fin 2022, elle s’est engagée à le faire.

Un groupe de travail animé par EAJ a passé l’année 2023 à travailler sur un diagnostic de notre agriculture, et démarre en 2024 par des auditions des acteurs agricoles. Nous avons une méthode qui n’écarte personne par principe et la pluralité des syndicats, des chambres et des organismes est pour nous une opportunité de rencontrer des acteurs compétents.

Avec la liste EP&T, nous proposons une réflexion en 6 points, notamment :

- il faut vraiment que les aides PAC soient repensées pour être réparties de façon équitable, respectueuses des activités, des territoires et des actifs. Elle est encore trop basée sur une répartition à la surface agricole.

- l’écologie ne peut être traduite que par une réglementation ; elle doit aussi proposer des solutions, et des projets pour éviter de mettre les acteurs devant des murs infranchissables. Cette réglementation doit être homogénéisée pour prévenir des écarts entre membres de l’Union, sources de concurrence interne.

- la régionalisation de la PAC peut être un facteur de simplification et de prise en compte des spécificités demandées aux Etats membres par la PAC2023, qui répondent par un Plan stratégique « National », mais non décliné en régions

- nous proposons aussi de réfléchir sur des nouveaux modèles d’agriculture. Au Pays basque, il faut allier traditions et modernité. La tradition de modèles familiaux et leur transmission ; la modernité à travers des plans de formation qui incluent les enjeux environnementaux, les enjeux de digitalisation, et les technologies.

- La crise actuelle illustre un autre aspect du problème. Les exécutions de cheptels face aux différentes épidémies animales, l’interdiction de la pêche dans le cadre de mesure protectrice de mammifères marins en janvier… le milieu agricole est bouleversé ces dernières décennies et les gens, les consommateurs, perdent le lien à la terre. Ce lien est important pour que les gens prennent en compte le juste prix de l’alimentation, celui qui doit être rétribué à ceux qui produisent. C’est fondamental.

- Les accords internationaux d’échange avec l’Europe doivent aussi être reconsidérés puisque certains produits importés, par exemple d’Amérique ne respectent pas les normes, notamment sanitaires et environnementales, imposées aux agriculteurs européens. Ce n’est pas juste. L’Europe est l’institution qui peut imposer le contrôle aux frontières.

 

La grande complexité du sujet agricole doit être traduit par les investissements et les soutiens de la Communauté Pays basque. Il y a un grand chantier à lancer.

 

Entretien paru dans la Semaine du Pays Basque n°1570, du 08 au 14 Mars 2024

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