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26/04/2023
Que disent les femmes basques de la politique ? (I)
Quelques semaines après la Journée internationale des femmes, selon l‘appellation officielle de l‘ONU, ou plutôt la journée internationale des droits des femmes comme elle est célébrée en France ou au Québec, EAJ-PNB a souhaité interroger des femmes basques investies dans la vie politique ou susceptible de le devenir.
La vie politique locale est encore trop souvent marquée par l’omniprésence des hommes politiques au détriment des femmes politiques. Etre une femme est souvent une difficulté supplémentaire au moment d’entrer en politique, ou plutôt de participer à la vie politique représentative car grand nombre de femmes font de la politique tous les jours, dans le quotidien, dans les écoles, dans les associations… Ce sont elles qui s’occupent le plus souvent des personnes âgées et/ou malades, les hommes sont moins attendus sur ces tâches… Ce sont des activités qui leur incombent traditionnellement, par éducation et par normes sociales. Il y a pourtant des femmes élues, des femmes cheffes d’entreprises… qui contredisent cet atavisme. Elles font cependant figures d’exceptions et parfois même des cautions des politiques égalitaristes rendues obligatoire en France ou en Espagne. Elles ne doivent plus être l’exception. Notre société doit s’interroger, non pas uniquement sur la place faite aux femmes mais sur la place que les hommes et les femmes sont capables de partager ensemble, à toutes les places de la société et notamment en politique.
Les femmes remettent la politique à sa place
Certaines femmes ont montré des alternatives : la Premier ministre de Nouvelle Zélande, Jacinda Ardern a décidé de renoncer au pouvoir en cours de mandat. « Je sais ce que ce travail exige, et je sais que je n’ai plus assez d’énergie pour lui rendre justice. C'est aussi simple que cela », a-t-elle tout simplement déclaré. Elue à la tête du pays à seulement 37 ans, elle est non seulement devenue la plus jeune Première ministre de Nouvelle-Zélande mais elle a surtout incarné le progressisme. Sa volonté de composer un gouvernement d’ouverture, représentatif de la société néo-zélandaise, sa capacité à gérer la crise du COVID, une gestion faite de « compassion et de proximité » selon les commentateurs, l’a mise au-devant de la scène politique. Son élection a fait date : « Qu'une femme puisse être Première ministre de Nouvelle-Zélande et choisir d’avoir une famille tout en restant à son poste est très révélateur du pays dans lequel nous vivons et que nous pourrions devenir : un pays moderne, progressiste, inclusif et égalitaire. » avait-elle déclaré lors de son élection. Son départ de la vie politique est tout aussi exceptionnel : plutôt que de faire de son expérience politique un métier à vie, elle choisit de se retirer quand elle n’en a plus la force. A la tête du gouvernement écossais depuis huit ans, la première ministre d’Ecosse Nicola Sturgeon a fait de même. Déclarant ne plus avoir l’énergie pour continuer, elle reconnait « qu’une même personne ne peut pas faire cela trop longtemps ».
EAJ-PNB a fait une place aux femmes au sein de ses gouvernements. Arantxa Tapia est ministre du développement économique, de la durabilité et de l’environnement. La socialiste Idoia Mendia occupe le poste de vice-présidente du gouvernement basque au côté de ses consœurs les ministres Gotzone Sagardui, Olatz Garamendi, Beatriz Artolazabal, et des six ministres masculins. La plus grande organisation territoriale d’EAJ-PNB, celle de Biscaye, est présidée par Itsaso Atutxa. Izaskun Bilbao Barandica est notre députée européenne… A tous les niveaux, la vie politique a besoin de ce souffle nouveau pour que les institutions soient plus représentatives de ce qu’est la société. Ici aussi, nous devons soutenir cette évolution qui va vers une représentativité plus égalitaire de nos institutions. Les parcours d’Itziar Aizpuru, élue à Hendaye, de Sophie Voisin, élue à Bayonne ou les aspirations de Marie Tellechea illustre très bien les raisons qui conduisent certaines femmes d’Iparralde à prendre leurs responsabilités citoyennes.
Laisser les femmes décider de leur place en politique et les soutenir
En Iparralde, les élections municipales et communautaires de 2020 ont montré que les représentations changent très lentement. A la Communauté Pays basque, 5 des 15 vice-présidents sont des présidentes. C’est déjà une petite victoire. Renée Carrique est la première vice-présidente, avec une délégation aux ressources humaines et au dialogue social. Martine Bisauta a la responsabilité de l’environnement, Sylvie Durruty de l’économie et de l’innovation, Isabelle Pargade a la charge de l’agriculture et Maider Arosteguy a hérité de l’économie bleue. C’est un pas dans le bon sens qui n’est possible qu’avec une forte volonté politique.
Danielle Bousquet la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) constatait que certes, les femmes sont depuis les premières lois dites de parité, plus présentes en politique mais globalement elles restent exclues des têtes d’exécutifs (84% des collectivités locales sont aujourd’hui présidées par un homme) ; en outre, la répartition des délégations au sein de l’exécutif reste stéréotypée (aux femmes les affaires sociales, aux hommes les transports et le développement économique) et inégalitaire (les compétences les plus importantes symboliquement et budgétairement sont très majoritairement allouées aux hommes). Ce sont des schémas que nos élues locales ne contredisent pas. Bien que membres de plusieurs commissions, Itziar est conseillère municipale déléguée à la Langue basque. Sophie Voisin est déléguée aux commissions « Éducation, enfance, jeunesse et petite enfance » et « Culture, patrimoine et animation ». Selon la présidente du HCE, « en l’absence de contraintes légales fermes, les stratégies de cooptation entre les hommes se perpétuent et le partage des responsabilités s’arrête aux portes du pouvoir ». Sans un cadre légal contraignant, il faudra encore un peu de temps pour que les femmes du Pays basque disposent de délégations plus puissantes. Il faut pourtant tout faire dans ce sens sans attendre que la loi nous y oblige. C’est un défi essentiel.
A EAJ-PNB, dans nos statuts, nous sommes engagés à ce qu’il y ait une parité partout dans nos instances. Il est fondamental et urgent que les institutions représentent les femmes grâce à une volonté forte de tous. Mais il faut se garder de décider pour elle. C’est pourquoi à EAJ-PNB nous avons préféré laisser s’exprimer trois femmes, certaines sont élues locales, d’autre non, et dire la place que la politique représente pour chacune d’elle. Itziar Aizpuru est élue municipale à Hendaye, Sophie Voisin est élue municipale à Bayonne et Marie Tellechea, originaire d’Urrugne, est étudiante à Agen. Elles partagent avec nous ce qu’elles pensent de la politique aujourd’hui.
Photo : de gauche à droite : Itziar Aizpuru, Sophie Voisin et Marie Tellechea
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