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13/06/2023

Entretien avec Andoni Ortuzar et Peio Etxeleku (IV)

« Nous voyons Iparralde comme une grande opportunité pour le PNB et le PNB comme une bonne opportunité pour Iparralde »

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Entretien avec Andoni Ortuzar et Peio Etxeleku (IV)

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… Mais est-ce que ça ne peut pas être comme Poutine et Medvedev ? 

AO : Non c’est impossible. 

PE : Blague à part, on le voit dans les candidatures que le parti a présenté dans les différentes institutions, mais aussi dans le passé au-travers les différents gouvernements basques : il y a une capacité de régénération des leaders politiques au sein du PNV. C’est la capacité la plus forte de tous les partis que je peux connaître. 

AO : Nous avons comme défi l’inclusion des femmes. Le renouvellement que nous avons fait il y a quatre ans et celui que nous faisons aujourd'hui, a été important. 65 % des maires ont changé, avec une féminisation très forte. Dans les trois diputaciones d’Euskadi, deux des trois candidats sont des femmes alors que les trois sortants sont des hommes. A Vitoria-Gasteiz, notre candidat est une candidate. 

Nous aurons peut-être une lehendakarette au lieu d’un Lehendakari l’année prochaine ? 

AO : Pourquoi pas ? 

Ça vous plairait ? 

AO : Ça pourrait se faire. Dans notre modèle, il faut d’abord en discuter au niveau des militants. C’est là que ça se décide. Nous n’avons pas la capacité, en tant qu’exécutif, de nommer un candidat. Nous pouvons proposer des noms mais les militants peuvent aussi en proposer. Dans un second temps, ce sont les militants qui votent entre tous ces noms qui ont tous la même valeur. 

Comment voyez-vous le PNB, de l’autre côté ? Quels sont les objectifs que vous aimeriez voir ? Et de quel statut aimeriez-vous pour le Pays Basque nord ? 

AO : Nous voyons Iparralde comme une grande opportunité pour le PNB et le PNB comme une bonne opportunité pour Iparralde. Nous croyons qu’un parti comme le PNB pourrait remplir un vide avec une réponse pleinement basque, clairement orientée vers le développement et l’émancipation du territoire, sans dépendre de l’Élysée ou de Bordeaux pour prendre des décisions et prendre son destin en main. Nous savons d’où nous partons. Nous savons aussi que la politique française est différente de la politique de ce côté, avec des codes différents, que les politiques et les élus ont une assise différente. Nous devons nous adapter à Iparralde. Ce n’est pas Iparralde qui doit s’adapter à nous. Je crois que dans les derniers temps nous avons franchi un pas important avec l’élection de Peio Etxeleku à la tête du parti parce qu’il réunit deux caractéristiques : il est totalement PNB et en même temps, c’est une personne qui sait ce qu’est Iparralde. On peut dire que c’est un notable, dans le bon sens du terme. Et je crois que cette configuration peut être très intéressante et que la conjonction entre le parti et sa personne peuvent être une bonne option pour le PNB. 

La Semaine du Pays Basque est le seul journal à appeler Jean-René Etchegaray, le président de la Communauté d'agglomération Pays Basque, le Lehendakari du Pays Basque nord. Ce n’est pas son titre officiel. Mais est-ce qu’à vos yeux, il est le Lehendakari du Pays Basque nord ? 

AO : Non. Ce n’est pas à cause de sa personne, mais l’institution qu’il préside n’a pas la capacité politique de gérer la vie d’Iparralde comme on le fait ici. A notre niveau, ça serait plutôt l’équivalent d’un président de diputacion. 

La fin de la violence au Pays Basque, qu’il soit nord ou sud, c’est la plus belle chose qui a pu arriver et qui aujourd'hui fait l’unanimité, même chez ceux qui ont été dans la lutte armée. Est-ce que le statut du Pays Basque sud vous convient tout à fait ? Et est-ce que vous voudriez qu’il y ait la même évolution institutionnelle pour le nord de façon que les deux puissent se gérer au même niveau ? Il restera néanmoins probablement toujours dans les institutions et dans les têtes, un Pays Basque sud et Pays Basque nord pour la population ? 

AO : Nous pouvons encore évoluer pour avoir plus d’autogouvernement. Nous pourrions avoir plus de pouvoir entre nos mains. Ce n’est pour s’opposer contre tel ou tel, nous ne sommes pas des rupturistes. L’une des nouveautés que nous aimerions voir dans nos statuts, que nous négocierions d’abord entre Basques, puis avec Madrid, c’est la capacité pour les institutions du Pays Basque de bâtir des accords avec d’autres institutions qui ont des racines sur le même territoire que le nôtre. La Navarre et le Pays Basque nord sont les territoires de l’euskara et ce serait donc là le terrain naturel de ces coopérations. Attention, il ne s’agit pas de les placer sous l’impérialisme de Bilbao mais bien pour générer une zone de coopération qui permettrait d’agir de manière commune sur ce que nous partageons : la langue basque, la lutte contre le changement climatique… Nous partageons beaucoup de kilomètres de littoral, beaucoup de kilomètres de forêt… Les incendies ne connaissent pas de frontières, alors nous avons beaucoup à partager en collaborant ensemble. Et puis la puissance que possède le Pays Basque sud pourrait être aussi un moteur pour le Pays Basque nord. Un autre point important est que nous sommes européistes. Nous croyons que l’Europe peut nous aider à atteindre cela en créant des conditions favorables. Pour les nationalistes basques, c’est le même pays, c’est la même nation, avec la même langue et le même drapeau, l’ikurriña. Ce n’est pas le cas de tout le monde mais nous sommes convaincus que nous pouvons arriver à créer un espace de vie commun et équilibré où tout le monde vivra mieux, au sein de l’Europe … (à suivre) 

Entretien réalisé par la Semaine du Pays Basque n°1529, à la veille des élections forales et municipales

PDE-EDP
Manifeste électoral du Parti Démocrate européen