Les propos de certains chefs d’Etat débordent de brutalité, d’intransigeance et entretiennent des rapports de force qui n’ont d’autres buts que d’imposer une vision du monde aux autres. Cette normalisation de la violence parmi les « Grands de ce monde » doit nous alerter sur l’urgence de protéger nos sociétés démocratiques.

Le spectacle affligeant du 28 février dernier à la Maison blanche entre le président des Etats-Unis Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky doit nous alerter sur le passage d’un cap inadmissible. Eriger la violence comme norme dans les espaces politiques et médiatique serait une manière de condamner la politique c’est-à-dire notre capacité à vivre ensemble. L’autoritarisme, la radicalité, l’intolérance ne doivent pas se normaliser dans les sphères médiatiques et politiques. Or, ces derniers mois, l’essor des mouvements d’extrême droite et d’extrême gauche y trouvent un certain écho. Des violences perpétrées par des individus isolés, parfois inspirés par des idéologies radicales diffusées sur internet, entretiennent une autre forme de menace latente dont nous sommes tous potentiellement les victimes. Nos rapports interpersonnels en sont directement influencés, notre aspiration à vivre ensemble en souffre directement, les incivilités semblent se généraliser et la fragilité de nos institutions réapparait au grand jour.

Depuis 2005, le 11 mars est devenu la Journée européenne de commémoration des victimes du terrorisme en hommage aux victimes des attaques djihadistes du 11 mars 2004 à la gare de Madrid-Atocha. Depuis 2020, c’est aussi la journée nationale d’hommage aux victimes de l’ensemble des attentats ayant touché la France, en particulier en 2015. Ces choix symboliques visent à rappeler aux citoyens la fragilité des équilibres démocratiques qui sont les nôtres. Ici, au Pays basque, nous portons encore les stigmates de la violence terroriste qui a marqué notre société. En octobre 2011, l’ETA avait renoncé à la lutte armée. Après l’annonce attendue de sa dissolution en avril 2018, l’ETA avait rendu à la justice française ses dernières armes. C’était un soulagement. Ici, nous avions l’espoir que le terrorisme appartenait au passé. Or, d’autres formes de menaces persistent. Jusqu’aux années 2000, les actions terroristes étaient en lien avec des organisations structurées, elles ne se nourrissaient pas d’une propagande disponible sur internet. Aujourd’hui, elle se répand de manière confuse, entretenue par une atmosphère délétère. Pour éviter de nouvelles victimes, les autorités doivent s’adapter continuellement aux nouvelles formes de menaces contre la démocratie, en mettant l’accent sur la prévention, la coopération internationale et l’adaptation des dispositifs judiciaires et sécuritaires, en particulier en Europe.

Bien que les États aient renforcé leurs dispositifs de surveillance et de lutte contre la radicalisation, les dynamiques géopolitiques et sociopolitiques actuelles alimentent de nouvelles formes de violence. Une réponse efficace repose sur un équilibre entre sécurité, prévention et dialogue politique, à tous les niveaux.

C’est ce qu’EAJ-PNB défend : au niveau européen, nous devons nous préparer à investir davantage et de façon plus coordonnée dans la sécurité mais aussi jouer notre rôle dans le quotidien. Il n’y a pas d’alternative à adopter des stratégies de prévention et de lutte contre le terrorisme, en tenant compte des nouvelles formes de radicalisation et des modes opératoires émergents. Mais nous devons aussi dénoncer toutes entreprises d’intimidation que nous observons dans les médias et les espaces publics. La violence sous quelque forme que ce soit ne doit pas se banaliser.

Hori da EAJ-PNBk defendatzen duena: maila europarrean, segurtasunean gehiago eta modu koordinatuagoan inbertitzeko prestatu behar dugu, baina egunerokoan ere gure papera bete behar dugu. Ez da alternatibarik terrorismoaren prebentzio eta borrokaren estrategiak hartzeko, erradikalizazioaren forma berriak eta eragiketa-modu berriak kontuan hartuta. Baina, era berean, komunikabideetan eta espazio publikoetan ikusten ditugun mehatxu eta beldurtze saiakera guztiak salatu behar ditugu. Indarkeria, edozein modutan agertu ere, ezin da normalizatu.

Crédit photo : Conseil de l'Europe / Europako Kontseilua

Jean Tellechea, Membre de l’IBB – direction d’EAJ-PNB, en Pays Basque nord

Article paru dans la Semaine du Pays Basque, n°1624, le vendredi 04 Avril

La Semaine du Pays Basque, 1624 zkian, agertua, Apirilaren 04eko Ostiralan